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Débords de mère
2 août 2012

#harcelementderue

femme-rue-image-de-fond--500x333Comme je numérote mes textes, et que celui-ci est le soixante-neuvième, j’ai pensé qu’il serait de bon ton de parler un peu de cul. A moins que je ne vous raconte ma visite de la ménagerie du cirque avec les enfants, sous la pluie. Comme ça, il sera aussi question d’instinct fauve et d’humidité…

Pourtant, eu égard au buzz du moment, on va rester sur le cul. Expression acceptée dans différents sens, d’ailleurs. Le sujet fait le tour du net, je ne voudrais pas demeurer en reste. Déjà que j’affiche un franc laisser-aller dans l’écriture, rapport au fait que je suis en congé parental, que ce sont les vacances scolaires et que j’ai trois enfants, dont un bébé. Si certains ne voient pas le rapport, contactez-moi et je vous explique.

Là n’est pas la question, la question concerne le cul, oui, le cul des femmes surtout, et le désir qu’en ont les hommes, ceux qui l’expriment sans limite verbale dans la rue, tous les jours. Le sujet n’est pas si nouveau, Koxie en a déjà parlé avec beaucoup d’humour dans une de mes chansons de soirée fétiches… C’est une étudiante en cinéma belge qui le remet au goût du jour avec « Femme de la rue », documentaire en caméra cachée. L’histoire ? Elle marche dans les rues. So what ? Elle se fait harceler. D’aucuns diront draguer, conviennent également siffler, mater, alpaguer, insulter… Ou complimenter pour son joli minois : « Salope », « Chienne », « Beau petit cul ». Autant de mots doux qu’une femme entre 15 et 45 ans, quelle que soit sa tenue vestimentaire, peut entendre plusieurs fois par jour, pour peu qu’elle se balade seule (cette allumeuse). Allez, admettons, sans doute un peu plus dans les grandes villes.

Certains découvrent le scandale et s’en offusquent. Tant mieux, il n’est jamais trop tard. Certaines disent « Et alors ? », blasées, parce que c’est comme ça, et qu’il faut faire avec.

Il suffit de ne pas se balader seule. Surtout le soir. De ne pas porter de jupe. Ni de décolleté. De ne pas croiser le regard des hommes sur le chemin. Ni leur sourire. Ni leur faire la gueule. Surtout pas leur répondre. Mais pas les ignorer non plus. (Je précise que ce texte n’est tiré d’aucun ouvrage du Moyen-Âge, il date bien de 2012…)

En fait, le plus simple est sans doute de se faire opérer !

Une récente discussion avec des amies m’apprenait que l’une d’elle s’était un jour sortie d’une tentative de viol en poussant un hurlement strident. Une autre s’est pris un jour une main au cul très appuyée en sortant d’un taxi (mais elle considère encore que c’est de sa faute, sa jupe était si courte…). Une autre préfère considérer qu’elle était consentante lors de sa première fois, parce qu’elle était trop saoule pour réagir. Une autre s’est fait suivre un jour jusque dans sa cage d’escalier par un relou, qu’elle a réussi à faire fuir en lui expliquant qu’elle était vraiment crade, pas lavée depuis plusieurs jours, et qu’elle avait une grosse envie de chier, sans compter qu’il fallait qu’elle change de tampon parce que celui-là devait être bien imbibé… (Ouaiiis, celle-là c’est moi !!) Et on ne parlait « que » des agressions, des fois où on avait eu vraiment peur ! Pas une n’avait aucune anecdote de ce type à raconter.

Pour les fois où j’ai réagi avec colère, je me souviens aussi d’une après-midi, en pleine rue, où je me suis vue proposer une sodomie. D’une soirée, pourtant accompagnée, où je me suis fait traiter de pute (je n’ai jamais remis ces bottes, depuis). Ah et puis, « Mate le gros cul » un jour : il faut dire que ce pantalon blanc ne m’allait pas du tout !

Donc non, ça n’a rien de cas isolés, et oui, c’est régulier. Tellement qu’on en oublie la moitié, les phrases qu’on n’entend plus. Pourtant non, ça n’est pas normal. On imagine la même situation avec un homme noir à qui l’on dirait, plusieurs fois par jour : « Sale négro », « Alors Mamadou, tu cherches ton cocotier ? », « Fais-nous quelques pas, toi qui as le rythme dans la peau ! ». D’ailleurs, ça existe aussi. Ça s’appelle du racisme, et il faut croire que comme le sexisme, on s’y habitue.

Mais pas moi. Pour tout dire, ça me fait même franchement mal au cul.

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