Aie confiance...
Les personnes sûres d’elles depuis le berceau sont souvent bien loin de prendre l’entière mesure du trésor qui les habite. De leur côté, les éternels complexés, les mal-à-l’aise en toute circonstance paieraient très cher pour en obtenir quelques miettes. Les gourous l’ont bien compris, et l’explosion des ventes de bouquins de « développement personnel » le prouve : sans confiance en soi, point de salut.
J’appartiens, me semble-t-il, à une troisième catégorie : de ceux qui ont pris confiance après quelques changements de parcours. Pour résumer grossièrement, j’étais merdique, je suis géniale. J’ai compris, comme dans les teenage-movies américains, que le rayonnement a bien peu à voir avec le fait d’être membre de l’équipe de pom-pom girls et de sortir avec le mec le plus en vue du lycée… Pour accéder au mec en question, voire à une certaine popularité, il suffit d’être convaincue qu’on les mérite. Presque trop facile.
De fait, j’ai pleinement conscience de ma chance. Celle d’avoir chopé le beau gosse, certes, mais surtout celle de pas manquer d’assurance, d’être persuadée que je peux apporter du positif aux gens que je rencontre. J’en ai une conscience aigüe, parce que je sais ce que signifie se sentir affreusement inintéressante. Et moche. Et je sais aussi que la confiance est fragile, j’ai beau essayer de m’y accrocher, il lui arrive de m’échapper (la garce).
Comme par exemple lorsque je me trouve face à quelqu’un dont j’admire un peu trop les qualités. Morales, physiques, intellectuelles… Homme ou femme, jeune ou vieux, proche ou inconnu… Peu importe, il se trouve que certaines auras ont le pouvoir de faire vaciller la mienne. Vaciller et tomber. Moi dont, cinq minutes auparavant, l’humour n’avait d’égal que la prestance, dont la beauté rivalisait gracieusement avec l’intelligence, voilà que je ne pense plus qu’à ce pull qui me boudine. C’est un cercle vicieux : à force de me concentrer sur ma confiance envolée, je n’écoute plus ce que me dit mon interlocuteur, du coup je ne comprends rien, alors je ne réagis pas, sinon en acquiesçant avec un sourire niais… Et voilà, il me trouve forcément conne, pourvu qu’on ne se mette pas à parler de l’actualité internationale, je n’ai rien révisé ! Etonnant la rapidité avec laquelle peut m’envahir ce sentiment de nullité profonde. Surtout avant mes règles.
Bon, j’ai survécu à la rencontre, je devrais profiter des soldes pour m’acheter un nouveau pull (ample). C’est alors que je croise cette connaissance, qui me complimente sur ma coiffure. On discute quelques minutes de la pluie et du beau temps, surtout de la pluie d’ailleurs, et qu’on arrête de nous parler de neige, dans le jardin les enfants feraient plutôt des bonshommes de boue ! Je la fais bien rire, alors à la prochaine, je poursuis ma route, d’une démarche assurée. Je suis donc drôle et bien coiffée. Ben voilà, suffit d’en être convaincue.
Presque trop facile.
Je devrais peut-être envisager d'écrire un bouquin de développement personnel...