Nan mais allô, quoi !...
L’éducation est une remise en question permanente. On l’a vu dans la leçon numéro un, il ne faut jamais énoncer publiquement ses principes éducatifs avant d’avoir des enfants. Parce qu’après, on change.
Je me demande ces temps-ci comment grandira ma progéniture. J’ai globalement confiance en eux, et en nous pour les guider correctement, tout ça… Mais si le monde n’a pas tant changé que ça depuis ma propre enfance, ils vont tout de même devoir faire face à une différence fondamentale : la communication. Oui, c’est un lieu commun. N’empêche, ça m’angoisse (un peu).
Quand j’étais ado, et que je passais parfois plusieurs heures au téléphone avec mes copines que j’avais vues toute la journée au collège, mon père finissait par débrancher le téléphone, prétextant qu’il attendait un coup de fil, ou que France Télécom avait encore augmenté ses tarifs. Parfois, il était plus sincère et disait juste que ça l’irritait, merci la vie de famille, viens nous parler à nous, tu la verras demain ta copine…
Quand mes enfants seront ados, je n’aurais plus que le dernier argument à faire valoir : on aura sans doute chacun un portable, et les forfaits seront illimités. Sans compter qu’il n’y aura aucune prise à débrancher… Mais pour leur éviter une addiction certainement néfaste à la bonne harmonie familiale, il faut qu’on y travaille dès aujourd’hui. En soignant nos propres addictions.
« Pomme » est le seul fruit que ma petite dernière arrive à prononcer correctement, alors qu’elle n’en mange presque jamais. Je suppose que le fait que nos Iphones aient étés penchés sur son berceau dès la naissance pour la photographier n’y est pas étranger.
D’ailleurs, lorsque je prends les grands en photo (tout le temps), ils me demandent si c’est juste pour nous, pour leur grand-mère ou si tout le monde pourra la voir. Souvent ils refusent, parfois ils posent en m’indiquant quelle légende doit accompagner le cliché. Le partage des photos est pour eux une évidence.
A partir de ce constat, j’ai réalisé que tout le temps que je passais avec eux, j’étais aussi avec mon téléphone. En ligne avec ma mère ou mes sœurs, certes, à envoyer des mms, d’accord, mais aussi à checker compulsivement mes réseaux sociaux. Je donne le biberon en lisant les infos des copains sur Facebook, surveille le bain ou les devoirs en suivant des liens depuis Twitter, les fais dîner en commentant des photos sur Instagram… Même si je n’expose pas nécessairement leur vie, je réalise à quel point je ne suis pas entièrement présente lorsque je suis avec eux.
Et sans vouloir faire de la psychologie de comptoir (si, en fait j’aime bien), ça peut les rendre assez chiants. Maman est là sans être là, disputons-nous pour qu’elle s’occupe de nous pleinement ! Sans compter que je ne me sentirai pas franchement légitime lorsque, une fois ados, je les sommerai de couper leurs portables pour avoir une vie de famille digne de ce nom…
Bon, j’ai déjà supprimé Facebook et Twitter de mon téléphone, et depuis une semaine je vis très bien de ne plus les consulter 15 fois par jour. Je me sens même plus légère. Partir, c'était trop radical pour moi. Et donc vous qui m’appelez, désormais si je ne réponds pas, c’est peut-être que je donne le bain, ou que je joue au foot ou bien je danse la capucine (y’a pas de pain chez nous). Soyez indulgents, je suis en désintox !